La peur du FN

Jean-Marie Le Pen a pris au piège le système électoral actuel. Bien que ne pouvant pas rassembler le pourcentage de votes gagnant (11,66% des inscrits au premier tour en 2002, 13,42% au deuxième quand les abstentions ont fait 28,40% puis 20,29%), il pourrait « gagner » des élections où ceux qui souhaitent s'abstenir seraient libres de le faire, sans peur des conséquences parce qu'ils souhaiteraient participer à ces conséquences au lieu de se contenter de voter, la seule expression virtuelle qui reste à la démocratie française actuelle. Cette « victoire », pour autant, n'aurait aucun sens dès lors que l'intention des abstentionnistes est de dénoncer un système pour en souhaiter un autre. Par essence, cet acte ne peut se contenter du résultat d'une logique qu'il veut voir remplacée par une élection réellement démocratique. Ainsi, la focalisation sur les possibilités de résultat officiel des élections présidentielles de 2007 est un non sens dès lors que l'on souhaite s'abstenir pour une raison précise, active et citoyenne : changer ce processus électoral afin qu'il aboutisse à des résultats réellement représentatifs.

Jeu souhaitais poser clairement cette problématique car la peur du Front National a toujours été la réponse ré-active à toute intention de faire évoluer le système électoral actuel. Pourtant, cette peur est strictement irrationelle et contredit l'intention initiale elle-même. Il s'agit simplement d'être responsable avec son choix de vote : si jeu m'abstiens dans le but de déclencher des changements, alors j'irai jusqu'au bout de ces changements légitimes si, en tant qu'abstentionniste, mon choix gagne les élections. Celui ou celle qui arriverait en second, n'aurait qu'une victoire officielle virtuelle, et serait bel et bien second de l'expression citoyenne. C'est factuel, simple et incontestable ! Les seules contestations possibles seraient basées sur une logique incohérente qui ferait le grand écart entre une intention (celle de changer le processus électoral) et une autre (celle de garder le processus actuel). Il s'agit simplement de savoir ce que jeu veux, prendre mes responsabilités et rester cohérent avec l'ensemble de ma décision et l'ensemble de ses conséquences. Si jeu veux que les abstentions soient reconnues et rendues actives aujourd'hui, afin que les votes blancs soient reconnus et rendus actifs demain, alors jeu reconnaitrai, dans mes actes, les abstentions !

D'autant plus que, si les citoyennes refusent de continuer à être ignorés, un premier tour comme en 2002 ou encore plus expressif pour les abstentions ne devrait pas conduire à un deuxième tour et à ces gagnants virtuels !

En 2002, les abstentions ont représenté au premier tour 11 698 956 de voix quand Jacques Chirac, le candidat ayant reçu le plus de voix n'en totalisait que 5.665.855. Une écrasante victoire des voix abstentionnistes, indiscutable et qu'une démocratie sérieuse ne pourrait pas ignorer en opérant un second tour comme si de rien n'était. Là encore, c'est factuel, simple, indéniable ! Tout argument allant contre ne peut que s'alambiquer dans des tergiversations sur les misères et les difficultés du système actuel qui, le pauvre, fait de son mieux. La fameuse loi du « moins pire » qui gouverne aujourd'hui une grande partie des expressions sociétales. Et jeu suis tout à fait d'accord, c'est pourquoi il s'agit de le changer !

D'autant que, si l'on rajoute aux abstentionnistes les votes nuls (dont on ignore l'expression réelle), les expressions abstentionnistes et nulles ont alors représenté 12 696 218 de voix. Une victoire que le mass-média aurait dû célèbrer avec l'emphase qui le caractérise tant c'est historique. Etrangement, ce n'est pas ce qu'il s'est produit ! La fameuse majorité silencieuse n'a pas été silencieuse en 2002, elle fut ignorée ! L'on peut ainsi noter le mépris hallucinant des hommes et femmes politiques, tous bords confondus, commentant ces présidentielles (J'y fus très attentif). Ce seul mépris est, selon mes valeurs, un état de fait rédhibitoire. Il m'est inacceptable qu'un 'responsable' politique qui fasse preuve d'un tel irrespect pour l'expression citoyenne puisse continuer de recevoir la moindre considération de la part des citoyens. Une grande partie des français doit être profondément asservie psychologiquement pour se résigner à un tel abus, y compris ceux qui n'en étaient pas la cible.

Enfin, jeu souhaite aborder l'autre réflexe réactif qui surgit après le type de commentaire ci-dessus : « Il y a de tout dans les abstentions. On ne peut pas considérer que toutes les expressions abstentionnistes souhaitent changer la société ; il y a des gens qui s'en foutent et, d'abord, ceux qui ne s'expriment pas n'ont pas leur mot à dire ».

La réponse est que, bien évidemment, il y a de tout et c'est précisément la raison pour laquelle le code électoral doit considérer et rendre actif le vote blanc afin de clarifier l'expression citoyenne et sortir de ce flou. Aujourd'hui, il n'est tout simplement pas envisageable d'ignorer 11 milions d'inscrits sous prétexte que le système lui-même ne veut pas savoir s'ils contestent le panel électoral pré-sélectionné ou s'ils s'en foutent. Surtout quand le président actuel n'a même pas réalisé la moitié de ces voix. La prétendue représentativité du président est de fait une tricherie et il est évident que cette tricherie a de très nombreux impacts sur la société ! Tous sont visibles à qui veut les voir. Ca n'est pas mon propos de les relever dans ce texte-ci.

Quant à la préférence du « vote blanc » par rapport aux abstentions, il me semble non pertinent de voter d'une façon qui n'existe pas dans le code électoral. Et ce vote n'est en rien plus clair que l'abstention puisqu'il est confondu avec les votes nuls. Pour moi aujourd'hui, ce système électoral ne permet sa contestation que dans l'abstention. Le vote blanc n'existe pas ! Il n'est pas possible de voter blanc en France ! Il est possible de s'abstenir !

Ainsi, ce mouvement abstentionniste qui a été grand vainqueur en 2002 serait bien inspiré de s'amplifier et, surtout, de prendre ses responsabilités jusqu'à ce que ce système électoral décadant se termine. Il a déjà été suffisant en 2002 et aurait dû être suivi d'effets importants si les hommes et femmes politiques, aujourd'hui dans les médias (c'est ce qui les distingue de toutes les autres alternatives éludées), étaient honnêtes. Mais c'est un fait que, ni la droite, extrême ou pas, ni la gauche, extrême ou pas, n'ont demandé l'évidence de l'établissement d'un vote blanc après un pareil échec de leur système politique. Ils y semblent tous très attachés ! C'est aux citoyens dorénavant de prendre les responsabilités que ces gens n'ont pas pris en 5 ans et provoquer l'instauration d'un système électoral qui coule de source, un processus électoral réellement démocratique !

1789, la révolution. 2007, l'Evolution. Il ne sera nul besoin d'aller se battre dans la rue. Il suffira simplement de se comporter en adulte et ne pas se résigner à un président qui, dans les faits, ne le sera pas ! L'on peut envoyer la police frapper des manifestants. L'on ne peut pas envoyer la police chez des dizaines de millions d'individus qui refusent de donner leur argent à un gouvernement illégitime. Que ce dernier soit du Front National, de l'UMP ou du PS n'est que secondaire et il va s'agir de ne pas se laisser manipuler par le mass-media dont la seule activité en matière politique est d'éluder toutes les alternatives pour focaliser sur cette sélection de partis déjà forcée dans les sondages.

Lohey,
être humain.
http://etre-humain.net/abstention-2012/

Grâce à quelques réactions à ce texte, j'ai pu établir ce qui me semble être les réponses aux questions typiques que ce texte relève.

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