dialogue écrit le 06/04/2012 - mis à jour le 07/04/2012

Emotions


Une pratique de l'échelle émotionnelle

- Tu disais que dans ta société, les humains vivent les émotions de manière très différente. Veux-tu me détailler ?

- Volontiers ! La différence la plus conséquente est que nous n'interprétons pas nos émotions comme des sensibilités au monde, comme si les émotions nous parlaient de situations qui nous conviendraient ou le contraire. Il nous est évident qu'une émotion ne parle que de soi, de ce qui n'est pas libre en soi devant une situation donnée. Autre grande différence : nous ne considérons jamais qu'il y a des émotions positives et des négatives. Nous regardons quelle est l'illusion que l'émotion révèle. Par exemple, il nous est évident que le fait de se sentir rassuré, ce qui est agréable, indique bien qu'il y a une peur au fond ; exactement comme le fait de se sentir craintif, ce qui est désagréable. C'est trés étonnant pour moi que vous cherchiez à ce point à vous sentir "bien", ainsi qu'à fuir ce qui vous fait vous sentir "mal". Vous ne semblez jamais ou rarement écouter vos messages émotionnels. Vous cherchez principalement à rester dans vos illusions... et vous appellez ça "être bien".

- Pourquoi ne pas chercher à se sentir bien ?!?

- Pourquoi ne pas chercher à être en plénitude ?

- Mais c'est pareil ! Il n'y a que le mot qui change !

- Au-delà des mots, l'expérience émotionnelle d'être rassuré par quelque chose ou quelqu'un hors de soi, n'a strictement aucun rapport avec l'état de plénitude, indépendant de la situation extérieure. N'est-ce pas ? Toute émotion est une invitation vers cet état de plénitude, et nécessite de lâcher une illusion pour s'en approcher. Toute émotion informe qu'il y a un manque intérieur dans telle ou telle situation.

- Pourtant, je n'ai pas d'émotion tout le temps ! Si j'avais un manque intérieur, alors j'aurais des émotions en permanence. Quelque chose ne colle pas dans ta logique !

- Lorsque tu ne touches pas le feu, tu ne te brûles pas. Est-ce que ça signifie que tu es devenu insensible aux brûlures ? :) Un être est vivant, complexe ; il est différent dans chaque situation. Simplement, il y a des situations où ta construction intérieure ne souffre d'aucun manque, et d'autres situations devant lesquelles il te manque quelque chose pour la vivre en plénitude, sereinement, librement. C'est simple : un humain peut très bien se trouver libre devant la situation d'une conférence à donner pour 500 personnes, et puis se vivre totalement déstabilisé devant son divorce. Il y a même plus de nuances encore : il peut se sentir libre lorsqu'il s'amuse et oublie son divorce, et puis revenir à l'instabilité intérieure dès qu'il y fait face à nouveau. La conscience peut être orientée loin de ce qui pose une difficulté. Ceci n'indique en rien que la difficulté est résolue ! Ca indique simplement une fuite ! En plus de ceci, un humain a la possibilité directe de refouler une éventuelle émotion permanente. Il semble que beaucoup d'entre vous contactent une émotion latente dès qu'ils sont face à eux-mêmes, seuls, sans occupation, la nuit en se couchant, ou le matin au réveil. Si le manque est vaste, cette émotion est toujours là... mais il est possible d'occuper son esprit pour la recouvrir.

- Et par exemple, je manquerais de quoi, moi ?

- Jeu l'ignore ! C'est en mettant toute la conscience sur les fondements d'une émotion, qu'elle soit positive ou négative, que tu peux savoir précisément.

- Quand j'ai une émotion, en général, j'ai autre chose à gérer que prendre ce temps là, avec la disponibilité que ça implique.

- C'est vrai. Ca nécessite une disponibilité entière. Ceci dit, le cerveau ne fait pas de différence entre l'imaginaire et le réel. Après une émotion, le lendemain ou 5 ans après, tu peux te replonger dans la situation, te souvenir, et ceci déclenche le processus émotionnel de la même manière. C'est ça la pratique de l'échelle émotionnelle. Aller écouter le fondement originel d'une émotion.

- Veux-tu me montrer ?

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