La parentalité- Bon, j'aimerais revenir sur la notion de parentalité que tu nies parce que c'est vraiment difficile à comprendre pour moi. C'est quand-même choquant. - Tu sais, jeu ne nie pas la parentalité, jeu nie seulement que les mots suffisent. Etre père ou mère, ça n'est pas juste des mots à défendre. C'est une relation spéciale, c'est une responsabilité qui représente des actes concrets, soumis à des valeurs concrètes. Vous êtes nombreux à attacher une énorme importance à la surface, aux mots, à la forme de la famille et pourtant, parfois ou souvent, vous ne mettez pas concrètement en œuvre l'amour, le respect, l'écoute, l'attention et l'ouverture qu'implique le fait d'être un papa ou une maman. C'est ce qui est choquant pour moi. Il semble souvent que la seule chose qui vous intéresse c'est de posséder un enfant, comme l'on possède un objet et de forcer sa vie dans le moule de vos idées. C'est très manifeste surtout dans vos divorces ! Être une maman ou un papa, n'est-ce pas prendre soin de son enfant avant tout et être à l'écoute de ses besoins ? - Mais tu dis bien que la famille, la parentalité, ça n'existe pas chez vous ! - Déjà tu dérives, je n'ai jamais dit que les pratiques, expériences et relations que tu appelles "parentalité" n'existaient pas ! J'ai même témoigné qu'elles étaient beaucoup plus respectueuses que les vôtres ! As-tu oublié, éludé ceci ? T'intéresses-tu aux faits ou aux paroles seulement ? J'ai dit que les notions "couple", "parents" et "famille" n'existent pas chez nous. Jeu dis que ces notions n'existent pas. As-tu conscience de l'énorme différence qu'il y a entre le concret et l'abstrait ? Lorsqu'une notion, une abstraction, une idée à propos de quelque chose, n'existe pas pour quelqu'un, ça ne signifie en rien qu'il ne vit pas ce quelque chose. Simplement, il en pense autre chose que toi. Peut-être aussi que sa façon de penser la chose produira un comportement meilleur que le tien ? Non ? Est-ce possible ? - Mais quand-même ! - Quand-même quoi ? Tu sembles tellement dans ton émotion que tu éludes ce qui est pourtant une évidence : utiliser d'autres mots, d'autres notions, à propos d'une expérience, ici la parentalité, ça n'est pas nier l'expérience que toi tu appelles ainsi, c'est l'aborder, la penser, la conceptualiser autrement, c'est tout. Tu confonds tellement profondément le mot "papa" et la responsabilité concrète d'être un père que tu as l'impression que l'on nie ton expérience à partir seulement du moment où l'on en parle autrement, avec une autre approche, un autre axe. Jeu te rappelle que jeu viens d'une autre culture. Tu ne peux pas t'attendre à ce que j'utilise les mêmes paradigmes, les mêmes concepts. - Je ne comprends pas ! Etre un père, c'est être un père ! Là tu tentes de me manipuler avec de la rhétorique, avec des mots justement. - Hum... Prenons un autre exemple, moins chargé affectivement. Parlons de foot. J'ai remarqué que c'est un sujet très fréquent, apparemment souvent apprécié chez vous. Imaginons que tu me demandes si nous jouons au foot chez moi. Et jeu te réponds : non, ça n'existe pas chez nous "le foot". Et jeu te parle d'un jeu que certains pratiquent, où il y a deux équipes, un ballon et une zone où le ballon doit être envoyé mais sans jamais avoir le droit de le prendre avec les mains. [...] ~ Pour lire la suite du dialogue, merci de contribuer à ce livre vivant en cliquant ici ~~ Si vous avez déjà un mot de passe, c'est ici pour se connecter ~copyleft 2013 Laurent Martinez - licence art libre |