dialogue écrit le 18/06/2013

Relations


Libertinage ou relation libre (du mental) ?

- Voilà de nombreux dialogues échangés avec toi et je m'avoue un peu perdu. Par certains aspects, tu m'as l'air complètement déluré, sans morale, sans repère et, pourtant tu ne cesses de parler de respect et, par d'autres aspects, ta morale a l'air encore plus fermée que la nôtre. Alors qui es-tu entre le libertin anarchiste et le curé ?

- *rire* Est-il possible que, simplement, tu laisses ton mental t'imposer sa logique binaire ? Tu sais, pour ton système de croyances, soit jeu lui suis fidèle, soit jeu suis un infidèle. C'est blanc ou noir. D'ailleurs la plupart de vos religions, qui sont les caricatures manifestées de vos systèmes de pensées, expriment ceci très directement. Toutes l'expriment ! Après, leurs pratiquants sont plus ou moins calmes sur ce sujet, mais les textes sont sans appel : soit fidèles, soit infidèles !

- Es-tu en train de contourner ma question ?

- Vraiment pas ! Jeu pointe simplement que ta question, très orientée de dualité binaire (pléonasme parfois utile), pointe un paysage où jeu n'existe pas, qui n'est pas celui où jeu vis. Le conçois-tu ? Tu le sais déjà : jeu ne suis ni libertin, ni anarchiste, ni un curé. Tu sais que la société d'où jeu viens utilise l'approche de l'éthique plutôt que l'approche morale. C'est peut-être ce qui est très difficile à intégrer. Tu le dis toi-même : jeu t'ai l'air sans repère. Alors que, très simplement, j'utilise des repères différents, que tu n'as jamais intégré dans ta culture. C'est tout. Si tu n'as jamais rencontré de champignon (et en fait de sporophore) de ta vie, tu ne vas rien comprendre. Est-ce un végétal ? Est-ce un animal ? Il a l'air sans repère, mais en fait il a d'autres repères. Il n'est pas organisé en organes comme les animaux. Ça n'est pas son repère. Il n'est pas organisé à partir d'un réceptable chlorophyllien du dioxyde de carbone, comme les végétaux. Ça n'est pas son repère. Il n'est pas non plus ce que tu vois seulement. Le champignon est principalement sous la terre et tu ne le vois pas. Tu ne vois que son système de reproduction qui sort de terre. Tu ne vois que son sporophore et tu crois que c'est là le champignon entier. Tu ne pourras le comprendre qu'en laissant tomber tes repères et en en apprenant de nouveaux : les siens. Il puise le carbone sous la terre, de matières organiques en décomposition qu'il participe à recycler et, souvent, il s'associe à un arbre en se liant à ses racines pour un échange de matières. Il donne à l'arbre des minéraux et de l'eau, par son réseau sous-terrain bien plus vaste que les racines de l'arbre, et il prend du sucre simple. Le champignon n'est pas méchant. Il n'est pas immoral. Il est un champignon, avec un fonctionnement de champignon. Avant de le juger, il est utile de le comprendre et savoir de quoi tu parles !

- Heu... je n'ai toujours pas vraiment de réponse à ma question...

- Pitié... peux-tu en poser une qui soit moins orientée, qui prennent en compte tout ce que jeu viens de te dire ?

- Ok, ok. Tu n'es ni un curé, ni un libertin, ni un anarchiste. Tu n'es pas immoral, tu as des repères éthiques que je comprends mal car ils me sont inhabituels. Mais je ne me sens pas très à l'aise de te demander simplement ce que tu vis puisque je l'ai déjà fait et tu me l'as déjà expliqué. C'est plutôt comme si je ne parviens pas à te croire lorsque tu te prétends respectueux. Ça n'est tellement pas ainsi que je vois le respect. En même temps, je dois reconnaître que tu pointes avec habilité les incohérences dans notre manière de concevoir le respect et la morale. Difficile de nier. Mais voilà, je ne parviens pas à imaginer tout ce que tu décris. Ça reste tellement abstrait pour moi.

- Il est très étonnant que tu crois m'avoir déjà demandé ce que jeu vis exactement. Tu t'es effectivement déjà intéressé au sujet global, dans plusieurs dialogues, mais tu es resté et nous sommes restés dans le domaine général. Sais-tu avec qui jeu vis, si j'ai des enfants ? Tu ne m'as jamais demandé précisément ces choses ! Comment se fait-il que tu crois l'avoir fait ? Confonds-tu à ce point l'abstrait et le concret ? Tu t'es effectivement fait une idée de ce que jeu vis et c'est comme si ça te suffit. Pour le respect, tu en parles peu. Tu t'intéresses à tes notions, la famille, les parents, le couple... mais jeu te vois très peu parler de ce qui est pour moi des repères plus concrets : l'écoute, le respect, l'attention, l'amour. Tu confonds très visiblement le "respect" de tes notions, des formes qui comptent pour toi avec le respect effectif et concret entre deux humains ou au sein d'une famille ou dans les relations interfamiliales. Alors voici ce que tu ne sais pas encore, sans même en avoir conscience : jeu vis avec la même femme depuis 23 ans, nous avons 5 enfants ensemble. Ils ont 19, 17, 14, 7 et 5 ans. Ce sont les seuls enfants dont je suis le géniteur. Nous sommes tous profondément heureux, co-créatifs et en harmonie. Il y a quelques difficultés mais elles sont toujours temporaires car nous avons une grande expérience, ensemble, à les résoudre. D'ailleurs, les outils que nous avons développés pour ça sont plutôt des jeux et donc très plaisants à vivre, en plus d'être efficaces.

- Mais là, tu me caches des choses. Et les autres femmes ?

- Quelles autres femmes ? Aussi, pourquoi ne demandes-tu pas si "ma" compagne est intime avec d'autres hommes ? Pourquoi penses-tu que j'aurais des relations intimes avec d'autres femmes ? Depuis 23 ans, jeu n'en ai jamais eu. Réalises-tu enfin la puissance déformante de tes idées, de ton imaginaire ? Tu ne sais me voir que libertin ou curé, alors tu ne penses même pas à me demander concrètement ce que jeu vis qui n'est ni l'un, ni l'autre. Pourtant, j'ai été très clair avec toi d'ores et déjà. Jeu t'ai exprimé que, dans la société d'où jeu viens, il arrive que des personnes restent ensemble très longtemps et qu'il arrive qu'ils restent proches des enfants qu'ils ont eu tout aussi longtemps. Simplement, j'ai été honnête et jeu t'ai exprimé qu'il arrive aussi que ce soit différent (ce qui est le cas aussi chez vous, très très largement). Pourquoi n'as-tu entendu que la moitié ? Et pourquoi m'as-tu collé cette moitié, en plus en version déformée ? Est-ce ta peur qui a focalisé sur quelque chose ?

- Là tu te moques de moi ! Une relation libre exclusive depuis 23 ans ?

[...]

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